Interview
Nicolas Hulot : « L’hydrogène est une solution immédiate pour les énergies renouvelables »
Sensible aux questions écologiques, l’ancien animateur TV d’Ushuaia est le parrain du projet Energy Observer, auquel s’associe l’AFHYPAC. Il a répondu à quelques questions, lors de la mise à l’eau du navire, le 14 avril dernier à Saint-Malo.
En quoi ce projet est-il symbolique selon vous ?
Ce qui aurait été un mauvais symbole, c’est de ne pas soutenir un tel projet. On m’a suffisamment reproché d’avoir une approche catastrophique des enjeux écologiques, et c’est vrai que je suis inquiet, dès lors qu’on se contente d’observer les phénomènes sans essayer d’y trouver une solution.
Avec ce projet, on agit ?
Là, l’intérêt, c’est qu’on met en lumière, notamment dans la transition énergétique, ce qui peut préfigurer le modèle de demain, en faisant la démonstration grandeur nature, et à une échelle qui est même assez importante, qu’on peut être autonome sur un plan énergétique. Il n’y a rien qui empêche une ville comme Saint-Malo de l’être, un pays comme la France de l’être, et a fortiori un village Africain qui n’a pas accès à une énergie élémentaire de l’être aussi et de répondre à des besoins élémentaires. Donc, c’est un bateau qui peut vaincre le doute et le scepticisme que l’on a encore, dans certaines sphères, que le soleil, le vent, les marées peuvent nous permettre de répondre aux besoins énergétiques de la planète.
Est-il vrai que c’est vous qui avez conseillé à Victorien Erussard d’opter pour l’hydrogène sur ce navire ?
C’est moi qui lui en ai parlé en premier parce que, quand j’ai préparé la COP21, pendant trois ans auprès du Président Hollande, je me suis beaucoup intéressé à cela. Mais, je n’avais pas vraiment réussi à me faire une religion, non pas sur la pertinence de l’hydrogène pour apporter une réponse à l’intermittence des énergies renouvelables, mais à me faire une opinion pour savoir si c’était rapidement opérationnel. C’est-à-dire que je n’arrivais pas à savoir si c’est quelque chose qui allait être efficient à 20 ans, 30 ans ou 40 ans. Or, la démonstration est là. Cela peut être efficient immédiatement. Après, sur un plan économique, il faudra probablement changer d’échelle. Mais, ce bateau va montrer que l’hydrogène peut d’ores et déjà être la solution pour remédier à l’intermittence des énergies renouvelables.
Itw réalisée par Laurent Meillaud