On est plus fort à deux que tout seul. La règle s’applique aussi dans l’hydrogène, où les industriels ont tendance à nouer des liens qui passent par la création de sociétés communes. En voici quelques exemples.
Dans le domaine du camion, Hyundai a montré la voie. Le constructeur coréen a établi une coentreprise en Suisse avec le fournisseur local d’hydrogène H2 Energy, en vue de pénétrer le marché européen. La société conjointe, Hyundai Hydrogen Mobility, doit fournir 1 600 camions roulant à l’hydrogène d’ici à 2025. Par la suite, Daimler (Mercedes) et Volvo ont annoncé leur intention de coopérer dans le poids-lourd à hydrogène. Les deux industriels ont finalisé leur accord de joint-venture, qui avait été acté en novembre dernier. Le groupe Volvo a acquis 50 % des parts de Daimler Truck Fuel Cell et a apporté 600 millions d'euros. La structure a pour nom cellcentric GmbH & Co. KG. La société a pour vocation de produire des systèmes de piles à combustible pour les camions, mais aussi pour d'autres applications. Malgré cet accord, Daimler et Volvo restent concurrents. Ils prévoient de sortir d'ici 3 ans leurs premiers modèles H2. Le constructeur allemand prévoit de faire appel à de l’hydrogène liquide pour porter l’autonomie à 1 000 km. Ce camion de 40 tonnes embarquera deux réservoirs stockant en tout 80 kg d'hydrogène à une température de moins 253 degrés. Daimler Truck a prévu 2 piles de 150 kW et deux moteurs électrique de 230 kW chacun et une batterie de 70 kWh. Dans le camion, Toyota a pour sa part monté une société commune en Chine avec des acteurs locaux (China FAW Corporation, Dongfeng Motor Corporation, BAIC Group et Beijing SinoHytec). Leur objectif est d’équiper de piles des bus et des camions à partir de 2022. Il y a aussi des coopérations plus classiques comme entre Toyota et Hino Motors (une de ses filiales), Toyota et Kenworth, ou encore Hyundai et Cummins.
Chez les équipementiers automobiles, Faurecia et Michelin avaient montré la voie avec Symbio, dont la vocation est de devenir un acteur de taille européenne sinon mondiale. Mais, il faut compter aussi avec EKPO Fuel Cell Technologies, la coentreprise entre ElringKlinger (60 %) et Plastic Omnium (40 %), qui est désormais opérationnelle. La structure a reçu le feu vert des autorités de la concurrence. La nouvelle société commune propose une offre de piles à combustible et de composants pour une large gamme d’applications. Elle concentrera son développement d’abord sur les véhicules commerciaux et les bus, puis sur les véhicules particuliers. Les véhicules spéciaux, les trains et bateaux entrent également dans son champ d’activité. Les deux partenaires disposent de l’usine de Dettingen/Erms (Bade-Wurtemberg, Allemagne) qui a déjà une capacité industrielle de 10 000 piles à combustibles par an, ainsi que les moyens de production de ses composants clés, comme les plaques bipolaires ou les modules de connexion. EKPO Fuel Cell Technologies investira pour monter en puissance et atteindre une part de marché dans les piles à combustible de 10 % à 15 % en 2030. "Nous nous réjouissons qu’EKPO commence dès aujourd’hui ses opérations. Il existe un potentiel de marché énorme dans l’hydrogène, qui conforte notre objectif d’un chiffre d’affaires en 2030 compris entre 700 millions d’euros et 1 milliard", commentent les directeurs généraux des deux sociétés mères, Laurent Favre et le Dr. Stefan Wolf. Le management de la société commune est assuré par 3 directeurs généraux. Armin Diez (58 ans), précédemment en charge de l’activité pile à combustible d’ElringKlinger, devient responsable des opérations. Julien Etienne (43 ans), issu de Plastic Omnium New Energies, dirige les ventes, le marketing et la gestion des programmes. Dr. Gernot Stellberger (40 ans), en charge de la stratégie, des fusions-acquisitions et de l’innovation chez ElringKlinger, prend également la responsabilité des finances et de la stratégie d’EKPO. Conformément à l’accord signé en octobre 2020, Plastic Omnium acquiert aussi le contrôle d’ElringKlinger Fuelcell Systems Austria GmbH (EKAT), filiale autrichienne d’ElringKlinger spécialisée dans les systèmes à hydrogène intégrés. Cette opération renforce l’expertise du groupe français en matière de contrôle de l’énergie dans les systèmes de piles à combustible.
L’annonce avait surpris en janvier, d’autant qu’elle avait précédé de quelques jours la présentation du plan de relance du constructeur français. Renault a décidé de collaborer étroitement avec l’américain PlugPower, dont la technologie a été déployée sur 40 000 piles à ce jour. La marque au losange a signé un protocole d'accord en vue de la création d'une coentreprise à 50/50 implantée en France. Prévue d'ici la fin du premier semestre 2021, elle vise plus de 30 % de part de marché des véhicules utilitaires légers (VUL) à hydrogène en Europe. La joint-venture localisera en France des activités de pointe pour la recherche et développement, la fabrication de systèmes de piles à combustible et leur intégration dans les véhicules. Renault entend proposer avec son partenaire une offre de services unique sur le marché : des solutions complètes et clés en main, comprenant à la fois la fourniture de véhicules à hydrogène, des stations de recharge, du ravitaillement en carburant, ainsi que des services adaptés à ces nouveaux besoins. Précisons que, depuis, le constructeur français a retenu Faurecia comme partenaire pour la fourniture des réservoirs de ses futurs utilitaires H2. Par contre, ce n’est pas une première pour PlugPower. Juste avant l’annonce avec Renault, PlugPower avait conclu un partenariat stratégique avec le coréen SK afin de former une joint-venture au pays du matin calme. L’objectif est de fournir des piles à combustible, des stations et des électrolyseurs pour la Corée du Sud et d’autres pays asiatiques. La société américaine a créée une autre société commune en Espagne. Elle va développer de l’hydrogène vert avec Acciona, une entreprise ibérique, spécialisée notamment dans le BTP et l'immobilier, ainsi que dans l'énergie et la logistique. L’objectif est de développer une plateforme destinée à répondre aux besoins des marchés de l’Espagne et du Portugal en particulier dans la mobilité. Plus récemment, PlugPower a étendu son partenariat avec Universal Hydrogen pour produire une pile destinée à l’aviation. L’objectif est de rendre l’hydrogène compétitif à l’horizon 2025. Le fabricant a pris une partie minoritaire du capital de son partenaire, sachant qu’il avait fait l’acquisition en 2019 du canadien EnergyOr, qui a développé une technologie PEM pour l’aéronautique.