Utilisé pour les chariots-élévateurs, l’hydrogène va aussi arriver dans les véhicules spéciaux utilisés dans les entrepôts.
Dans un article posté récemment par Atawey sur le site de Sprint Project*, on peut lire que « pour les entrepôts, avoir des chariots élévateurs H2 permet d’être plus efficaces surtout pour des entrepôts frigorifiques, où les batteries supportent mal le froid. De plus, pour les entrepôts qui ont déjà une station de recharge de batteries, les installations de production et de recharge d’hydrogène ont un double gain. D’une part il y a un gain de place, car les stations sont plus compactes. D’autre part il y a un gain de temps, car le délai de remplissage du réservoir est plus faible que le temps de changer une batterie », précise encore cet article. De plus, « afin de recharger en hydrogène ces véhicules, il est possible de le produire au sein de l’entreprise. La station de production d’H2 peut tirer profit de l’énergie verte produite sur place par des panneaux solaires par exemple », ajoute Atawey.
En vérité, ces usages sont déjà répandus, aux Etats-Unis notamment. Ainsi, un acteur comme Plug Power équipe de ses piles à combustible 32 000 chariots-élévateurs H2 évoluant dans les entrepôts. Ils sont utilisés par Wal-Mart (qui en a 10 000) et Amazon. La firme fondée par Jeff Bezos a d’ailleurs investi au capital de cette entreprise américaine. Pour sa part, Plug Power se félicite d’un taux de 99 % de disponibilité de la technologie. Et il vaut mieux, car en raison du Covid, le commerce en ligne explose et c’est la ruée dans les entrepôts. En France, Carrefour fait partie des clients de Plug Power. En 2016, l’enseigne a passé commande pour plus de 150 chariots-élévateurs pour équiper son centre de distribution à Vendin-lès-Béthune dans le Pas-de-Calais. C’est le site qui dispose du plus grand nombre de véhicules de ce type, avec une station à demeure installée par Air Liquide.
Toutefois, Carrefour n’est pas le premier à s’être lancé dans l’hydrogène pour sa logistique interne. Le tout premier, en France et même en Europe, est Prélocentre. Ce prestataire logistique fruits et légumes pour l’enseigne Grand Frais Prélocentre a équipé dès 2015 son site de Saint Cyr-en-Val (Loiret) d’une flotte de chariots à piles à hydrogène. L’entreprise réfléchit d’ailleurs à l’acquisition d’un poids lourd H2 pour ses besoins de transfert de marchandises en interne. Et à la même époque, la société FM Logistic, à Neuville-aux-Bois (Loiret), a aussi fait le choix de l’hydrogène pour ses chariots élévateurs. Avec sa société sœur NG Concept, spécialisée dans la conception et la construction de plate-formes logistiques, l’entreprise souhaite développer des hubs dans le secteur de la logistique. Leur projet commun vise ainsi à produire de l’hydrogène « vert » à partir de panneaux photovoltaïques installés sur les sites de FM Logistic. Une partie de cette énergie pourrait être auto-consommée par les piles des chariots d’intralogistique utilisés dans ces entrepôts. Le surplus serait distribué auprès d’acteurs locaux. Ce projet vise également à développer la mobilité hydrogène pour les véhicules de livraison. Cette approche a été saluée par un prix dans le cadre du Club Déméter, une plate-forme d’échanges et d’expérimentations dédiée à la supply chain. Celle-ci réunit 40 entreprises leaders des secteurs de la distribution, de l’industrie, de la prestation logistique ainsi que des acteurs publics institutionnels.
D’autres acteurs se positionnent aussi sur les véhicules de logistique. La société Gaussin, basée à Héricourt (Haute-Saône), a annoncé récemment la mise en production de véhicules spéciaux à hydrogène. Ils ont pour nom l'ATM-H2 et l'APM-H2. Le premier est destiné aux centres logistiques avec une capacité de traction de 38 tonnes et le second est dédié au transport des containers sur les terminaux portuaires avec une capacité supérieure de traction de 75 tonnes. Ces véhicules seront équipés du Powerpack Hydrogène dont les premiers développements remontent au partenariat avec le CEA-Liten. Ils sont équipés de réservoirs fournis par Faurecia. Gaussin garantit une autonomie de 12 heures sur ces véhicules.
Pour aller plus loin, ce spécialiste de la logistique et de la manutention a décidé de s'associer à Plug Power. Leur intention est de mettre sur le marché toute une gamme de véhicules de transport, des tracteurs pour terminaux aux véhicules autonomes. Ils seront motorisés par la solution ProGen, avec des piles à combustible de 30 à 125 kW. De plus, Plug Power pourra les produire avec de l’hydrogène vert, obtenu grâce à sa gamme d'électrolyseurs de type PEM. Plug Power et Gaussin cibleront de nouveaux marchés pour l’hydrogène, notamment les centres logistiques, les ports maritimes et les aéroports en Europe, aux États-Unis et à travers le monde. Les premiers véhicules devraient être disponibles sur le marché au début de l'année 2021.
Ajoutons pour terminer que le dernier maillon de la chaîne logistique, le véhicule de livraison, devrait bénéficier prochainement de l’hydrogène. Des solutions existent déjà chez Renault avec un prolongateur d’autonomie pour les véhicules utilitaires électriques Kangoo et Master ZE H2. Le groupe PSA proposera quant à lui fin 2021 des versions H2 du Peugeot Expert, du Citroën Jumpy et de l’Opel Vivaro. Et ce, toujours avec des piles Symbio. Afin de répondre à la demande croissante, la co-entreprise de Faurecia et Michelin prévoit d’ouvrir un site de production visant une capacité de 200 000 piles à combustible à horizon 2030. Le véhicule de livraison à hydrogène présente des avantages pour les transporteurs professionnels, comme la faible durée de chargement et l’autonomie, qui permet de répondre aux besoins de la livraison urbaine mais aussi périurbaine.
*Une société spécialisée dans la détection d’innovations et d’innovations dans la supply chain. Elle avait organisé un webinaire sur le thème de l'hydrogène en mai dernier avec DB Schenker, GSE et Urby (plateforme digitale du groupe La Poste).