Par rapport à l’édition 2018, l'hydrogène était moins mis en avant cette année au CES de Las Vegas. Ni Honda, ni Hyundai, ni même Toyota n’ont présenté de voitures sur leur stand. Néanmoins, on pouvait voir au Consumer Electronics Show un camion à pile à combustible développé en commun par Toyota et Kenworth, sur la base du modèle T680S. Il était exposé sur le stand de Paccar, le fabricant américain de poids-lourds qui exploite notamment cette marque. Les deux partenaires ont décidé de produire ensemble 10 exemplaires de ce camion zéro émission, dont l’autonomie sera de 450 km. Toyota intègrera des piles en provenance de la Mirai. Ce partenariat s’inscrit dans le cadre de projets visant à réduire la pollution autour des ports de Californie et s’accompagnera de la construction de deux stations à hydrogène opérées par Shell.
Dans le secteur de la mobilité, Bosch et Faurecia ont évoqué l’hydrogène. Le premier a souligné le caractère stratégique de son partenariat avec Ceres Power, spécialiste des piles de type SOFC. Celles-ci pourraient être utilisées pour alimenter en énergie les points de charge pour véhicules électriques. Quant au second, il a exposé dans son show-room privé une maquette de véhicule avec une pile à combustible et un réservoir. Et il a réitéré sa confiance dans cette forme de mobilité électrique. Interrogé sur les objectifs fixés par la commission européenne en matière d’émissions de gaz à effet de serre, en marge d'une conférence de presse au CES de Las Vegas, le PDG de Faurecia, Patrick Koller, a cité l’hydrogène parmi les solutions. « Nous ne parviendrons pas à remplir les objectifs sans employer l’hydrogène sur les poids lourds. Les batteries ne sauront pas obtenir les résultats souhaités". "Il faut développer les filières de recharge d’hydrogène », a-t-il déclaré, exhortant les pouvoirs publics à accélérer le mouvement.
A noter que le suédois MyFC avait un stand au CES. Il a présenté son prolongateur d’autonome (Lamina Rex) avec pile à combustible. La compagnie estime que c’est la meilleure solution pour contourner l’autonomie limitée des batteries. Il y a quelques mois, MyFC avait présenté son range extender à bord d’une BMW i3.
Toujours dans la mobilité, Pragma Industries a profité de l’événement pour lever le voile en avant-première mondiale sur son dernier né : une version VTT du vélo à hydrogène ALPHA. Jusqu'à présent, la firme proposait le "City Rider". Répondant à des attentes liées aux loisirs, plus orientées « rando-nature à hydrogène », ce nouveau modèle a pour nom "Moutain Rider". Le point fort vient d'une autonomie de 100 km et d'un temps de recharge imbattable (moins d'une minute sur des stations dédiées. Autre argument qui peut avoir son importance aux Etats-Unis : ce vélo à hydrogène supporte le grand froid et conserve son autonomie.
Pragma était présentconjointement avec son partenaire ERGOSUP. Tous deux ont reçu le Prix de l’Innovation du CES 2019 (catégorie « Smart Cities »). Pour sa part, Atawey a exposé à Las Vegas une maquette de sa station multi-pression (200, 350 et 700 bars), avec électrolyseur intégré. Il y en a déjà 6 installées en France et d'autres vont suivre sur le premier trimestre. Une station de ce type va être aménagée notamment au pied de la tour ENGIE à la Défense (ce qui permettra de faire le plein de la Mirai d'Isabelle Kocher, la DG du groupe), mais pas que....). Ces stations permettent d'amorcer le marché, avec une capacité de remplissage pour 5 voitures par jour. Atawey travaille aussi sur des stations de plus grande capacité, pouvant répondre aux besoins d'une flotte de 50 véhicules. Comme les plus petites, ces stations seront proposées en location dans le cadre de l'offre Hystart en partenariat avec ENGIE Cofely.
Les négociateurs des États membres de l'UE et du Parlement européen se sont mis d'accord pour réduire les émissions de CO2 des voitures neuves de 37,5 % d'ici à 2030. C'est un objectif plus ambitieux que la proposition initiale, qui a immédiatement dénoncé par l'industrie automobile. L'ACEA qualifie ces objectifs de "totalement irréalistes"'. Ce compromis politique est intervenu juste après la fin de la COP24 en Pologne, où la communauté internationale a échoué dans sa tentative de s'accorder sur de nouvelles ambitions en matière de lutte contre le changement climatique. Cet accord devra encore recevoir l'assentiment officiel du Parlement et du Conseil européens. Le compromis trouvé est à mi-chemin entre les positions des États membres, plus conservateurs (ils visaient - 30 %), et celle du Parlement européen, plus audacieux (avec un objectif de - 40 %). Et il est bien plus strict que ce qui était proposé par la Commission européenne. Le commissaire européen à l'Action pour le Climat, Miguel Arias Canete, s'est immédiatement félicité de ces "objectifs ambitieux". "Cela montre clairement, une fois de plus, notre engagement indéfectible à l'égard de l'accord de Paris". L'UE s'est engagée à la COP21 à réduire d'au moins 40 % les émissions des gaz à effet de serre (CO2, méthane, protoxyde d'azote, etc.) en 2030 par rapport à 1990, dans l'ensemble des secteurs de son économie. "Je salue l'accord trouvé", a réagi de son côté le ministre français de la Transition écologique, François de Rugy, soulignant qu'il s'agissait d'"un effort important que doit faire l'industrie automobile pour prendre sa part dans la lutte contre le réchauffement climatique".
Les grands patrons ont fait comme chaque année le déplacement à Davos. C’était le cas d Euisun Chung, qui en a profité pour lancer un appel en faveur de l’hydrogène. Et pour cause… Le vice-président de Hyundai est aussi le co-dirigeant du conseil de l’hydrogène, une structure qui réunit 50 multinationales de l’énergie et du transport. C’est une fonction qu’il partage avec le PDG d’Air Liquide. Les deux dirigeants appellent à une coopération au niveau mondial pour que l’hydrogène devienne une réalité, en complément des voitures électriques à batterie, avec l’infrastructure qui va avec. Hyundai a des objectifs très ambitieux dans ce domaine. Le constructeur coréen veut produire 700 000 véhicules avec pile à combustible par an d’ici 2030. Et il compte proposer la technologie à d’autres industries.
Le président de la Corée du Sud, Moon Jae-in, a annoncé une feuille de route très ambitieuse sur l’hydrogène. Celle-ci a pour objectif d’atteindre un parc de 80 000 véhicules à piles à combustible d’ici à 4 ans et vise une production de 100 000 véhicules par an en 2025 (dont 40 % pour l’export). Actuellement, le parc de véhicules à hydrogène en Corée du Sud ne s’établit qu’à 2 000 unités environ. Le gouvernement veut également accorder des aides pour les taxis et camions à hydrogène. Par ailleurs, le nombre d’autobus à pile à combustible dans le pays devrait atteindre 2 000 unités d’ici à 2022 et 820 fourgons de police devraient être remplacés par des modèles à hydrogène d’ici à 2021. A l’horizon 2040, M. Moon vise même un parc de de 6,2 millions de véhicules à hydrogène dans le pays et 1 200 stations de remplissage. Le président sud-coréen a ainsi affirmé la détermination du gouvernement à développer une “économie de l’hydrogène”.
Air Liquide a conclu un protocole d’accord avec le groupe minier et chimique chinois Yankuang, dans l’objectif de développer en Chine la filière hydrogène-énergie. L’accord a pour objectif de promouvoir conjointement cette source d’énergie utilisée notamment dans l’automobile. Les deux groupes envisagent ainsi de développer dans la province du Shandong (est) l’infrastructure requise pour soutenir le déploiement de véhicules fonctionnant avec des piles à combustible. Quelque 962 000 tonnes d’hydrogène par an peuvent être produites dans le Shandong en y recyclant des gaz polluants, selon l’agence Chine nouvelle, qui cite les autorités locales. Cela suffirait à alimenter chaque année environ 115 000 autobus fonctionnant avec des piles à combustible.
Selon Stefan Wolf, président de l’équipementier allemand ElringKlinger, le marché des véhicules à piles à combustible devrait “réellement” se développer entre 2025 et 2030. Actuellement, parmi les constructeurs allemands, seul Daimler propose un modèle à hydrogène. Toutefois, BMW prévoit de lui emboîter le pas en 2020 et Volkswagen réalise actuellement des recherches dans ce domaine, via sa filiale Audi. Les leaders dans la technologie des véhicules à piles à combustible sont les asiatiques, tels que Toyota, Honda et Hyundai. Néanmoins, M. Wolf espère que les constructeurs européens reconnaîtront rapidement les avantages de ce type de motorisation. ElringKlinger a déjà travaillé sur cette technologie et pourrait rapidement développer ses capacités de production pour approvisionner des constructeurs qui décideraient d’augmenter leur production de véhicules à piles à combustible.
Le groupe Daimler a décidé de rebaptiser une de ses filiales sous le nom Mercedes-Benz Fuel Cell. Il s'agit de NuCellSys, qui lui appartient depuis 2009. Avec ce changement de nom, la marque à l'étoile veut donner un signal clair et montrer que l'hydrogène a sa place. Existant depuis 2007, NuCellSys développe les composants de la pile et la partie logicielle, tout en assurant les tests et la validation. C'est cette société qui produit par exemple la pile installée à bord de la GLC Fuel Cell, le SUV à hydrogène que Mercedes propose en petite série en Allemagne. Son lancement remonte à octobre dernier. Le groupe Daimler anticipe en fait sur une demande dans le bus. Le Citaro sera ainsi proposé à terme avec une PAC, en complément de l'architecture électrique classique. Christian Mohrdieck, qui est le responsable du développement de l'hydrogène au sein du groupe, et qui est le patron de Mercedes-Benz Fuel Cell, pense que c'est une solution qui convient aussi bien aux voitures qu'aux bus et aux camions. Il y a aussi des applications possibles au niveau stationnaire.
Fruit d’une collaboration entre GreenGT et l’Automobile Club de l’Ouest, réunis au sein du projet MissionH24, H24Racing a vocation à faire courir dès que possible en Endurance la LMPH2G, un prototype de course électrique-hydrogène, qui prépare le futur de l’automobile et des compétitions d’Endurance. En 2024, les 24 Heures du Mans accueilleront pour la première fois sur leur grille de départ une catégorie dédiée à des prototypes de course propulsés à l’hydrogène aux côtés des voitures à moteur thermique. L’Automobile Club de l’Ouest travaille actuellement à l’introduction de cette nouvelle classe, qui utilise une énergie inédite à ce niveau de compétition
La société norvégienne a reçu une commande de Shell pour livrer deux stations de remplissage d’hydrogène aux Pays-Bas. Le contrat, d’une valeur de 2,5 millions d’euros, prévoit une mise en service dans le courant de l’année 2019. Nel ASA a déjà livré des stations d’hydrogène pour ce pétrolier, en Europe comme aux Etats-Unis.
Confrontée à des objectifs ambitieux de réduction du CO2 pour les camions, l’association européenne des constructeurs automobiles estime que l’Europe ne met pas les moyens qu’il faudrait pour accompagner l’électrification. Ainsi, il faudrait selon elle au moins 6 000 super chargeurs d’une puissance supérieure à 500 kW d’ici 2025/2030. Et au moins 20 000 autres points de charge sur le continent. En ce qui concerne l’hydrogène, l’ACEA estime qu’il faudrait au moins 1 000 stations de remplissage dédiées aux camions. L’association précise que les stations déployées pour les voitures ne sont pas adaptées aux camions.
Le constructeur d'autobus britannique Alexander Dennis Ltd. (ADL) étend sa gamme de produits avec un modèle à impériale alimenté par pile à combustible. Cette nouvelle version, basée sur la série Enviro400, est équipée de l'essieu électrique AxTrax AVE, développé par l’équipementier automobile allemand ZF. La transformation de l'hydrogène en électricité permet d’entraîner deux moteurs électriques sur moyeu de roue dans le pont portique électrique. ADL a passé deux années à développer ce bus à impériale fonctionnant à l'hydrogène et ZF a été sélectionné comme partenaire dès le départ. Il fournit également des solutions matérielles et logicielles additionnelles pour une performance optimale. Un premier prototype circule déjà dans le cadre d'un essai sur le terrain, dans plusieurs villes du Royaume-Uni. La conception de l'Enviro400 à hydrogène a impressionné tous les intervenants par sa remarquable efficacité.
Il n'y a pas qu'en Allemagne qu'on trouve des trains à hydrogène. Alstom et Eversholt Rail ont dévoilé il y a quelques jours le design d’un nouveau train zéro émission destiné au marché britannique. Connu sous le nom de "Breeze", ce train est en fait le fruit d'une mise à niveau des rames Class 321, un des matériels roulants les plus fiables du Royaume-Uni, reconfiguré pour créer un train propre adapté aux nouveaux besoins. Ce train, qui pourrait entrer en circulation au Royaume-Uni dès 2022, n’émettra que de l’eau et aucune émission polluante grâce à l'intégration d'une pile à combustible et d'un réservoir d'hydrogène. Le matériel roulant sera converti par Alstom, en partenariat avec Eversholt Rail. Les deux entreprises travaillent ensemble depuis 15 ans sur de multiples flottes de matériel roulant. Éprouvé et fiable, le train Class 321 est adapté, en termes de caractéristiques, de taille de flotte et de disponibilité, pour une transformation en Unité multiple à hydrogène (UMH). C'est une grande première, qui permettra également aux passagers de bénéficier de plus d’espace dans ces trains que dans leurs prédécesseurs. Par ailleurs, les deux partenaires travaillent aussi sur l’infrastructure de ravitaillement associée.
L'administration publique norvégienne en charge des transports (Statens vegvesen) et Norled ont signé un accord pour la construction du premier ferry à hydrogène au monde. Le fabricant assurera la construction et l’exploitation de ce ferry, dont au moins 50 % des besoins en énergies devront être couverts par ce type d’énergie. Doté d’une capacité de 299 passagers et 80 voitures, le traversier sera exploité dans le comté de Rogaland, entres les villes de Hjelmeland, Skipavik et Nesvik. Sa mise en service est prévue en 2021. La société Nordled est fière de réaliser cette grande première. Si l’ensemble des ferries passaient en mode zéro émission, on pourrait économiser 600 000 tonnes de CO2 par an.
Dans un travail* réalisé en collaboration avec l’Université de Aalto, en Finlande, un chercheur de l’EPFL (Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne) Francesco Baldi a évalué l’apport des piles à combustible sur un navire. "Le défi est de stocker suffisamment d’énergie à bord sans occuper trop de place. Les piles à combustible qui utilisent de l’hydrogène ne sont pas adaptées, car un stock suffisant pour couvrir de longues distances prendrait une place énorme à bord, environ 1/3 du navire, ce qui n’est pas réaliste pour un bateau de croisière", note le chercheur de l’EPFL. Bien qu’elles nécessitent d’opérer à de hautes températures et aient un temps d’allumage pouvant atteindre 20 heures, un second type de piles à combustible, à oxydes solides (ou SOFC) sont particulièrement appropriées pour les bateaux. Il suffit de trouver un usage à l’énergie excédentaire produite par leur fonctionnement permanent, indispensable pour éviter les longs temps d’allumage. Francesco Baldi a proposé d’adapter aux navires une solution développée à l’EPFL pour transformer cette énergie inutilisée en hydrogène, qui sera ensuite stocké. La pile à combustible pourrait donc produire soit de l’électricité pour la consommation à bord, soit de l’hydrogène stocké pour un usage ultérieur. Un concept jugé particulièrement adapté aux bateaux de croisière. Le chercheur imagine également que, à défaut de réglementation, l’Europe, où se construit la majorité des bateaux de croisière, pourrait inciter les entreprises à s’équiper avec de telles piles à combustible en prenant une partie des coûts en charge.
*publié dans la revue Frontiers in Energy Research.
Air Liquide annonce avoir pris une participation de 18,6 % dans le capital de la société canadienne Hydrogenics Corporation, un spécialiste des équipements de production d’hydrogène par électrolyse. Cette opération stratégique, qui correspond à un investissement de 20,5 millions de dollars américains (18 millions d’euros), permet au groupe français de réaffirmer son engagement à long terme dans les marchés de l’hydrogène énergie et son ambition d'être un acteur majeur dans la fourniture d'hydrogène décarboné, notamment pour l'industrie et les marchés de la mobilité. Air Liquide et Hydrogenics ont également conclu un accord technologique et commercial afin de développer conjointement des technologies d'électrolyse PEM (Proton Exchange Membrane) pour les marchés de l'hydrogène énergie qui sont en pleine croissance dans le monde. Commentant cet investissement, François Darchis, Directeur de la Société et membre du Comité Exécutif d’Air Liquide, supervisant l’Innovation, a déclaré: “L’électrolyse de l’eau est une des technologies clefs pour accélérer l’émergence de l’hydrogène comme vecteur d’énergie durable. En effet, elle permet de produire de l’hydrogène totalement décarboné, grâce notamment à l’électricité renouvelable. En s’associant à Hydrogenics, entreprise leader dans les technologies de l'électrolyse et de la pile à combustible, Air Liquide complète ainsi son portefeuille de technologies et renforce sa capacité à proposer de l'hydrogène décarboné de manière compétitive et à grande échelle".
Dans le cadre du projet européen « Remote », la PME française déploiera un système complètement autonome qui fournira de l’électricité verte et fiable aux quatre îles norvégiennes de Froan, en association avec un consortium composé de Ballard, Hydrogenics et TronderEnergi. PowiDian a une expérience dans le domaine des microgrids, avec stockage hydrogène entre autres. En Norvège, le projet consiste remplacer un réseau électrique sous-marin qui arrive en fin de vie et dont le coût de remplacement, sous cinq ans, serait très élevé. Le consortium a proposé une solution compétitive alliant sources d’énergie renouvelables et stockage. Les sources primaires, solaire et éolien, seront associées à un stockage hydrogène dans le but de devenir énergétiquement indépendant, 100 % décarboné et à un coût compétitif. Le projet a reçu une aide du FCH-JU dans le cadre du programme Horizon 2020 de la Commission Européenne.