L’Etat a créé un plan national hydrogène, doté de 100 millions d’euros pour 2019. Le projet de loi d'orientation des mobilités comprendra un volet hydrogène. L'hydrogène suscite déjà un intérêt avec des exemples concrets comme les bus à Pau et les navettes fluviales à Nantes, les taxis à Paris …. A moyen terme, il y aura aussi probablement les camions, les bateaux de plaisance et même des trains, à l’instar de celui d’Alstom, en Basse Saxe (Allemagne)… Quant à la voiture individuelle à hydrogène, elle circule déjà au Japon, en Chine, en Allemagne et désormais en France.
L’hydrogène est un des carburants de la mobilité propre. C’est également un vecteur énergétique pour stocker les productions d’électricité, à base d’énergies renouvelables et intermittentes, et ainsi optimiser la gestion des réseaux publics de distribution d’énergie, propriété des autorités organisatrices, contribuant ainsi à l’essor des smart grids.
Métropoles, communauté urbaines ou syndicats-intercommunaux de grande taille : les adhérents de la FNCCR territoire d’énergie sont les autorités organisatrices de la distribution d’énergie. Ils se trouvent donc au cœur des enjeux de la transition énergétique et de la mobilité propre. La mise en place de schémas régionaux de développement et d’aménagement du territoire, de plans climat air énergie, de nouveaux projets comme ceux liés à l’hydrogène contribuent à donner une dynamique nouvelle aux territoires, en termes de développement, de recherche, d’innovation et d’emplois.
A la fois enjeu industriel et priorité en termes de santé publique (qualité de l’air), la mobilité hydrogène pâtit encore de coûts importants. Néanmoins, l’engagement conjoint de l’Etat, des acteurs privés, des constructeurs automobiles devrait faire changer la donne et séduire non seulement les entreprises mais aussi les flottes publiques. Il s’agit construire des infrastructures d’avitaillement adaptées et bien réparties afin d’obtenir un maillage cohérent qui rassure les utilisateurs. Cette mission d’intérêt général pourra être assumée par les autorités organisatrices de l’énergie, qui ont déjà montré leur capacité à œuvrer en ce sens, avec le déploiement de bornes de recharge pour véhicules électriques.
D’ores et déjà, plusieurs de nos adhérents se sont engagés dans la démarche d’expérimenter la production d’hydrogène sur leur territoire.
Avec l’appui du SyDEV, autorité organisatrice de la distribution d’énergie en Vendée, le projet Vendée Hydrogène vise 10 à 12 stations-service à hydrogène en 56 ans. Labellisé par l’Etat, ce projet de 35 millions d'euros s'appuie sur les éoliennes de la Société d’Economie Mixte Vendée Energie, dont certaines sont déjà sorties des 15 ans d’obligation d’achat. La clef du projet est économique pour stocker l'électricité sous forme d’hydrogène lorsque la production nationale est abondante et la consommation faible. Le fort taux de pénétration des énergies renouvelables en Vendée (11% de la consommation électrique vendéenne) amène le SyDEV à mieux valoriser encore sa production électrique intermittente avec l’hydrogène.
Dans le Morbihan, une station hydrogène a été installée dès 2017 au siège de Morbihan Énergies, autorité organisatrice de la distribution d’énergie. D’ores et déjà opérationnelle, elle permet de valoriser la surproduction d’électricité verte qui provient des 850 m2 de panneaux photovoltaïques et des 2 petites éoliennes du site de Fetan Blay à Vannes. La station a été développée conjointement avec Engie Cofely et l’entreprise Atawey. Depuis plus d’un an, un véhicule de démonstration circule avec son autonomie de 300 km autour de Vannes. Il a à ce jour parcouru avec succès plus de 3600 km. Morbihan Énergies envisage d’ici deux ans une véritable station publique de distribution de carburant hydrogène. Celle-ci, soutenue par l’appel à projets «Territoires Hydrogène» du Ministère de la transition écologique et solidaire, sera implantée à Vannes près de l’usine Michelin, qui utilise l’hydrogène dans son process industriel.
Le syndicat Territoire d’énergie Indre-et-Loire a créé la société publique locale Modulo qui tend vers une technologie 100% décarbonée, et ce, en partie grâce à l’hydrogène. Pour atteindre cet objectif, il investit dans un démonstrateur de production d’hydrogène à Céré-la-Ronde (37), dans le cadre du projet « MéthyCentre » qui permettra de convertir une énergie renouvelable en énergie stockable sous forme d’hydrogène. Territoire d’énergie Indre-et-Loire et ses partenaires ont par ailleurs créé une société anonyme d’économie mixte locale « EneR Centre-Val de Loire » qui accompagne les collectivités dans le développement des énergies renouvelables et a vocation à porter des projets qui promeuvent l’innovation sur la Région, en particulier ceux liés à l’hydrogène.
Dans l’Yonne, le SDEY, Syndicat-Territoire d’énergie, va utiliser le centre de collecte et de recyclage des déchets situé à Duchy pour produire du méthane et de l’hydrogène. Ce projet baptisé « Hycaunais » a pour objectif de structurer une filière de valorisation du renouvelable éolien. Ce projet innovant permettra de démontrer la rentabilité économique de la filière hydrogène dans son application Power-to-Gas. Ce projet sera mené avec le concours de grands partenaires industriels et des PME, mais aussi avec des collectivités, notamment la Région Bourgogne Franche-Comté.
D’autres territoires, comme les régions Occitanie, Normandie ou Auvergne Rhône Alpes, fortes de leur ambition bas-carbone, souhaitent être exemplaires en termes de mobilité propre et s’engager sur des projets hydrogène.
Le Gard avec le SMEG, l’Ariège avec le SDE09, syndicats-territoires d’énergies, réfléchissent, au côté de la Région Occitanie, à une vision multi-énergie et au développement de l’utilisation de l’hydrogène. Une plateforme d’ingénierie ATESYN subventionnée à 70% par l’ADEME en Ariège vise à diagnostiquer le potentiel de production d’hydrogène et favoriser l’implantation de petites stations en rural. Dans le Gard, cette manifestation d’intérêt pour la filière hydrogène est liée aux usages maritimes et fluviaux.
La Région Auvergne Rhône Alpes s’est positionnée en pilote du déploiement de la mobilité hydrogène, au travers du projet Zero Emission Valley qui vise un déploiement de 20 stations hydrogène, incité par le plan de protection de l’atmosphère auquel est soumise la vallée de l’Arve, fortement polluée. Le SYANE (Territoire d’Energie Auvergne Rhône-Alpes), a engagé une étude d’opportunité en Haute-Savoie. Des stations d’avitaillement en hydrogène vont être mises en service sur le territoire haut-savoyard d’ici 2020.
La Région Normandie cofinance, avec le soutien de l’Union Européenne, le programme EAS-HyMob visant, à l’horizon 2019, un réseau de 15 stations hydrogène sur les grands axes et pôle urbains normands. Le SDEC énergie dans le Calvados et le SIEGE dans l’Eure, Syndicats-Territoires d’énergie, déjà acteurs de la mobilité durable, ont répondu présents. Ils coordonnent les attentes et les besoins et assurent la logistique technique et financière, déduction faite des subventions régionales et européennes.
Tout est prêt pour engager le processus de réalisation de ces projets ambitieux mais réalistes. Au niveau national, selon l’AFHYPAC, 18% du parc automobile devrait rouler à l’hydrogène en 2050. Les autorités organisatrices, territoires d’énergie sont totalement investis dans ces projets d’avenir en partenariat avec les acteurs de la filière, l’hydrogène représentant l’une des solutions majeures pour le mix énergétique de demain. Le guide pratique pour le déploiement de stations hydrogène dans les territoires, publié par la FNCCR – Territoire d’énergie et l’AFHYPAC, va permettre d’accompagner concrètement les collectivités dans le montage de telles opérations.