Depuis déjà trois ans, le programme HyWay* permet de tester en France la mobilité hydrogène, à Lyon et Grenoble. Ce sont en tout 50 Kangoo H2 (des utilitaires électriques équipés d'un range extender de Symbio) qui sont utilisés par des collectivités et des entreprises, avec des stations dans chacune des deux villes. Au bout d'un an et demi, plus de 345 000 km avaient déjà été parcourus (soit plus de 86 tonnes de CO2 évitées) et plus de 1 600 recharges effectuées en stations. Au passage, l'un des véhicules a battu un record homologué de 367 km d'autonomie (avec une recharge H2, et une recharge électrique). A l'issue des 36 mois de la phase 1, il apparaît clairement que, pour certains usages, notamment urbains, le Kangoo ZE H2 assure le même service que des véhicules diesel. Par contre, si les infrastructures de recharge se sont avérées performantes (avec un temps de recharge très court), elles restent encore trop peu utilisées. HyWay s'inscrit désormais en partie dans le cadre du projet Zero Emission Valley, lancé par la région Auvergne-Rhône-Alpes, qui souhaite faire de l'hydrogène une filière d'excellence. Il entre dans sa phase 2, avec une prochaine étape clé qui sera la production d'hydrogène décarboné pour alimenter la station de recharge grenobloise au début de l'été 2018. À Lyon, la station avec électrolyseur s'intègrera pour sa part dans un projet de station multi-énergies vertes et d'espaces pédagogiques intitulé « Quai des Énergies ».
*Le projet HyWay est piloté par Tenerrdis, soutenu et cofinancé par l'ADEME, le Conseil Régional d'Auvergne-Rhône-Alpes et l'Europe via le fonds FEDER.
Il a eu sa voiture fin mars. Tout comme certains partenaires de Toyota, comme ENGIE (dont la directrice générale, Isabelle Kocher a aussi un exemplaire), Olivier Savin de Dassault Aviation a le privilège de rouler avec la berline Toyota à pile à combustible. Et c'est à titre personnel. C'est l'accomplissement d'un rêve pour cet ingénieur, chef de projet à la direction technique systèmes chez l'avionneur, qui milite depuis plus de 15 ans pour l'hydrogène dans l'aéronautique. Très investi dans la filière H2, Olivier Savin a réussi à faire adhérer l'avionneur à l'AFHYPAC (au sein d'un collège clients-utilisateurs). ll est l'un des administrateurs et fait partie du groupe de travail sur les JO de Paris en 2024. A plusieurs reprises, notre ingénieur a eu l'occasion de se faire prêter une Mirai. Et un beau jour, Toyota France lui a proposé d'en avoir une, aux mêmes conditions que les partenaires qui la prennent en leasing pendant 3 ans. Autre privilège : il peut faire son plein chez Air Liquide où il achète son carburant au kg. C'est le premier client "particulier" de la Mirai, mais il s'agit plus d'un ambassadeur car cette voiture n'est pas disponible pour le grand public. Ce salarié de Dassault Aviation trouve sa voiture "extraordinaire" et en apprécie le silence, ainsi que les capacités d'accélération. Le plus dur a été de convaincre sa femme. Mais, c'est elle qui a choisi la couleur : bleu marine.
Air Liquide a inauguré une nouvelle station à hydrogène à Loges-en-Josas, près de Versailles (Yvelines). Il s’agit de la troisième déployée par le groupe en région parisienne, après celles de Paris (pont de l'Alma) et de l'aéroport d'Orly, et la sixième en France. Conçue et installée par Air Liquide avec le soutien de la FCH-JU (Fuel Cells and Hydrogen Joint Undertaking), dans le cadre du programme européen 3EMotion cette station est destinée à alimenter deux autobus à hydrogène qui seront mis en service en 2019 entre les communes de Vélizy et de Versailles. Les bus en question seront fournis par Van Hool. L'expérimentation va se dérouler pendant 7 ans, en partenariat avec la région Île-de-France, Île-de-France Mobilités et la communauté d’agglomération de Versailles Grand Parc. Air Liquide compte également mettre cette nouvelle unité à disposition de la start-up STEP (Société du Taxi Electrique Parisien), qui exploite une flotte de 75 taxis à hydrogène, les fameux taxis « Hype », en région parisienne. Avec trois stations de recharge, ces taxis propres vont pouvoir poursuivre leur croissance en Ile-de-France.
Distributeur de gaz naturel, sous la marque V-Gas, le groupe* basé dans les Bouches-du-Rhône entend aussi proposer des stations à hydrogène clés en main. Elle se propose d’intégrer tous les composants, comme l’électrolyseur pour produire l’hydrogène sur place. Proviridis défend par ailleurs le concept de station multi-énergies, proposant à la fois du GNV et du H2, mais aussi du courant électrique par des bornes de charge rapide. V-Gas connaît bien l’hydrogène, puisque c’est l’enseigne qui est chargée d’alimenter la navette fluviale Navibus Jules Verne 2 qui naviguera tout prochainement à Nantes aux couleurs de la Semitan.
*Issu du regroupement de quatre industriels indépendants experts dans les métiers du transport et de l’énergie.
Engagé dans l'hydrogène dans le cadre du projet HYNOVAR, coordonné par la CCI du département, le Var a une approche terre et mer. La volonté est en effet de produire de l'hydrogène renouvelable grâce à l'énergie solaire, et de le distribuer dans des stations pour des véhicules routiers à Signes et une navette maritime à Toulon. Mais, c'est surtout le site du circuit du Castellet qui va permettre de donner un coup de projet sur la filière H2. A l'occasion du Grand Prix de France de Formule 1, qui revient dans l'hexagone après 10 ans d'absence, du 21 au 24 juin prochain, une station à hydrogène temporaire sera aménagée sur le circuit. La station en question servira à faire le plein de véhicules à hydrogène, qui feront la navette entre l'aéroport et le circuit. Plus tard, une station en dur sera construite pour faire le plein de véhicules utilisés sur la zone du circuit pour faire de l'autopartage. Il s'agit en effet de l'un des volets du projet HYNOVAR, qui prévoit aussi des flottes captives d'utilitaires à pile à combustible. Pour en revenir au circuit du Castellelet, il faut savoir que ce site est aussi la base arrière de Green GT. La société franco-suisse a élaboré la fameuse Green GT H2, qui a déjà roulé sur la piste avec au volant l'ancien pilote de F1 Olivier Panis. Green GT est par ailleurs partenaire de Pininfarina pour la H2 Speed, une voiture de course à hydrogène qui fait rimer performance et environnement. Ce bolide ne sera produit qu'à 12 exemplaires dans le monde. "Le souhait c'est de reproduire ce qui a été fait à Albi, avec un écosystème qui vient ensuite se créer autour de l'hydrogène", confie Hervé Moine, directeur des grands projets à la CCI du Var. Nul doute que l'inauguration de la station H2 du Castellet, d'autant qu'on évoque une présence du Président Macron pour marquer le retour si symbolique du retour en France de la Formule 1.
Après Nicolas Hulot, le Président s’intéresserait-il à son tour à l'hydrogène ? Intervenant lors d’une conférence sur le financement de la croissance durable, qui se déroulait à Bruxelles à la Commission Européenne, Emmanuel Macron a déclaré vouloir engager résolument la France dans une "révolution des transports" en généralisant les véhicules électriques et à hydrogène et en convertissant les flottes de poids lourds au gaz. "C’est une stratégie nationale que nous avons engagée, a rappelé le chef de l'Etat. Elle doit aussi s’accélérer sur le plan Européen". Pour Emmanuel Macron, ces solutions doivent être appliquées "à l'échelle". Ce qui signifie pour lui à l'échelle de l'Europe et même du monde. Il a souligné que les fléchages n'étaient pas les bons en matière d'investissements publics. Cette déclaration a de quoi rassurer les partisans des filières de l'hydrogène et du GNV (gaz naturel véhicule), car elle montre que la France ne mise pas sur la seule solution du véhicule électrique à batterie.
Basé dans les Hauts-de-France, le pôle de compétitivité IAR (Industries & Agro-Ressources) s'intéresse entre autres aux biocarburants. A ce propos, la commission biocarburants avancés du pôle annonce sa mutation en commission Mobilité & Bioénergie. Elle a décidé d'étendre son périmètre pour intégrer d’autres vecteurs énergétiques biosourcés utilisés dans le transport (bioGNV, hydrogène, bio hydrocarbure…), ou susceptibles de l'être. Ce changement est motivé par l'évolution en cours de la mobilité, notamment urbaine. Le pôle va organiser en ce sens une réunion le 24 mai à Paris pour expliquer sa vision. L'objectif est d'alimenter la réflexion en réalisant, dans un premier temps, un état des lieux de la place des vecteurs énergétiques biosourcés dans la mobilité (2005-2018-2030). Le pôle IAR souhaite aussi aider ses adhérents dans leur prise de décision concernant les choix de projets d’innovation et/ou d’investissements et accompagner ses membres dans la construction de projets structurants d'innovation.
La plateforme FC LAB, qui dépend de l’UTBM (Université de Technologie Belfort-Montbéliard) mène des recherches pour le compte de société Aaqius. Il s’agit de cette entreprise basée à à Genève qui a développé une solution de stockage hydrogène à basse pression, sous le nom nom STOR-H. C’est une cartouche d’hydrogène rechargeable, qui peut s’intégrer facilement à bord de véhicules (voitures, scooters à 3 et 2 roues) pour faire le plein d'énergie. « Depuis trois ans, nous travaillons de façon très étroite avec Aaqius pour construire et faire fonctionner tous les éléments de la chaîne de traction d’un moteur électrique avec une pile à combustible pour des véhicules légers comme des scooters, des tricycles, ou encore des chariots élévateurs », explique le chercheur Fei Gao sur le blog Détours de l'UTBM. Et de poursuivre : le FC LAB intervient dans la mise au point et l’intégration de la pile à combustible qui consommera l’hydrogène stocké dans les mini-réservoirs fabriqués par Aaqius, pour fournir la puissance électrique nécessaire au fonctionnement du moteur ». « Mais, la démarche va plus loin encore, précise le chercheur de l'UTBM, avec le développement d’écosystèmes hydrogène complets, comprenant la capture de l’énergie solaire et sa transformation en électricité grâce à des panneaux photovoltaïques, la fabrication d’hydrogène par électrolyse de l’eau, le stockage de l’hydrogène produite, et enfin la mise au point des chaînes de traction à pile à combustible ». Et de conclure : « La collaboration entre FCLAB et Aaqius assure la maîtrise des premiers écosystèmes de ce genre en France ». Le partenariat se fait aussi à l'échelle internationale. Alors qu'Aaqius a engagé des collaborations avec la Chine, le Maroc et les Emirats arabes unis, un accord tripartite a été conclu entre Marrakech, Aaqius et l’UTBM.
Même si cet usage est exotique, par rapport à la filière H2, c’est une réalité dans les garages. Le groupe FlexFuel Energy Development est un ardent promoteur de cette solution, avec son produit Hi-Calamine qui permet de décrasser le moteur par un mélange d'hydrogène et d'oxygène par le système d'admission d'air. Cette prestation va être désormais proposée par l’enseigne Rapid Pare-Brise, qui compte 200 centres. Potentiellement, le réseau pourrait 100 000 voitures par an et contribuer à la réduction de 20 000 tonnes de CO2. Les deux partenaires souhaitent ainsi aider les automobilistes à retrouver les performances d’origine de leur véhicule et à passer plus facilement le contrôle technique, qui devient plus sévère à partir de mai prochain.
La présidente de la Région Bourgogne-Franche-Comté, Marie-Guite Dufay, s’est entretenue récemment avec le PDG d'Alstom, Henri Poupart-Lafarge. Le rendez-vous a permis d'évoquer le développement des sites industriels de l'entreprise et la filière ferroviaire sur le territoire. Cet entretien a permis à Mme Dufay de proposer un partenariat stratégique avec l’université, en mobilisant les laboratoires de recherche et les entreprises autour du train à hydrogène et de la pile à combustible, pour que le train de demain soit construit dans la région. Un tel partenariat assurerait la pérennité des sites Alstom. Les sites de Belfort, berceau du TGV et centre d’excellence mondial pour la fabrication de locomotives, tout comme le site du Creusot, centre de compétences mondial du groupe pour les bogies, et le site d’Ornans qui produit des moteurs pour le monde entier, sont concernés par ces perspectives d’avenir.
Après 4000 milles parcourus pendant un tour de France en 2017, et un chantier d’optimisation pendant l'hiver, le bateau à hydrogène a quitté le Vieux Port de Marseille en direction de la Corse, avant de partir pour l’Italie, puis la Tunisie, Israël, l’Egypte… et bien d’autres pays, pour un tour complet du bassin Méditerranéen. Ce parcours va permettre de continuer à tester les technologies d’Energy Observer en conditions extrêmes. Pour le moment, les résultats sont déjà concluants. "Le système est opérationnel, nous avons éliminé les différentes défaillances techniques qui nous gênaient au début de l’expédition, relève Victorien Erussard, le capitaine du navire. L’autonomie énergétique est en théorie acquise, mais en pratique le rythme et la vitesse que nous imposons au navire pendant ce tour du monde rend le défi technologique encore plus grand, et nous oblige à rester humbles". Les conditions d’ensoleillement très favorables de la Mer Méditerranée devraient permettre au navire de profiter d’une énergie inépuisable, et même excédentaire, qui sera valorisée sous forme d'hydrogène. Energy Observer pourra à la fois augmenter sa vitesse et prolonger son autonomie. L’hydrogène est au cœur du projet Energy Observer, qui s'enrichit au passage de nouveaux partenaires. Le Ministère de la Transition écologique et solidaire devient ainsi partenaire institutionnel du projet, afin de soutenir l’équipage dans la détection et la promotion de solutions concrètes pour un avenir durable. L’Union européenne et l’Irena ont également apporté leur soutien au projet, renforçant sa dimension internationale. Du côté des partenaires financiers, l’équipe est fière d’accueillir deux géants de la transition énergétique : Engie, qui devient partenaire principal ainsi que Toyota Motor Europe, qui devient partenaire officiel.
Si l'année 2017 a été faste pour la PME de la Drome, qui a vu son chiffre d’affaires franchir le seuil des 10 millions d’euros, 2018 s'annonce bien aussi. McPhy fait remarquer que l’hydrogène est devenu une réalité économique. D’ailleurs, la société dirigée par Pascal Mauberger engrange actuellement des contrats importants qui étaient attendus pour le second semestre 2017, et qui seront décalés sur l’exercice 2018. Certains industriels travaillent sur des projets de plateforme d’électrolyse à très grande échelle (de 10 à 100 MW), dont l’impact sur le chiffre d’affaires serait très significatif. McPhy continue d’étudier plusieurs options stratégiques, pouvant aller jusqu’à l’adossement industriel, en vue d’accélérer son expansion commerciale et de renforcer sa structure financière.
Le groupe a annoncé un "plan stockage électrique" portant sur l'installation de 10 gigawatts (GW) de capacités de stockage à l'échelle mondiale d'ici 2035, pour un investissement de 8 milliards d'euros. EDF ambitionne de devenir ainsi le leader européen du secteur. « Les technologies de stockage de l’électricité sont appelées à transformer radicalement le secteur de l’énergie, explique Jean-Bernard Lévy, le PDG d’EDF. « Le Plan Stockage Electrique d’EDF s’appuie sur l’expertise de l’ensemble des métiers du Groupe et sur 25 années d’investissement en R&D. La nouvelle frontière que le groupe dessine est celle d’un système énergétique 100 % décarboné à l’horizon 2050 », conclut-il. L’électricien national évoque surtout les batteries, mais on peut rappeler que dans des projets de microgrids, comme à l’île de Mafate à La Réunion, il utilise aussi une pile à combustible pour stocker les EnR sous forme d’hydrogène.